Détecter la tache noire des infections dans les soins à domicile

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Les séjours des patients à l’hôpital sont de plus en plus courts, ce qui implique parfois une prolongation de l’hospitalisation à domicile. Le cadre du domicile peut avoir un effet bénéfique pour le patient qui se retrouve dans son environnement familier. Cependant, les soins de santé à domicile exposent les prestataires de soins à des défis spécifiques et les patients à de nouveaux risques, en particulier aux infections.

On dispose actuellement de peu de données concernant le risque d’infections dans les soins à domicile. Avec le soutien du Fonds Dr. Daniël De Coninck, Sciensano a cherché à définir les infections dans les soins à domicile, a identifié les facteurs de risque et a émis des recommandations pour prévenir et combattre les infections chez les patients soignés à domicile.

 Impliquer toute la première ligne

“On s’est toujours préoccupé de prévenir les infections liées aux soins,” précise  Christine Ory, directrice du département soins infirmiers des services de soins à domicile de Liège-Huy-Waremme lors d’un panel d’experts organisé dans le cadre de la conférence ‘Healthcare-associated infections in home care’, le 23 octobre à Bruxelles. “Dès la formation, on vous enseigne l’importance du principe de précaution.”

Les infirmiers sont pleinement conscients de l’importance de la prévention des infections liées aux soins. Mais il n’y a pas que des infirmiers à domicile qui travaillent en première ligne. Des médecins, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes ou des aides familiales sont amenés à prester directement au domicile des patients par exemple. “Nous prenons des mesures de précaution et on voit que d’autres ne le font pas,” a affirmé Nele Verpaelst, experte en traitement des plaies et en prévention des infections à la Croix-Jaune-et-Blanche. “Il faut impliquer tous les acteurs de la première ligne.” 

Des jouets dans la salle de bain

Dans son étude, Sciensano a identifié les facteurs de risque des infections dans les soins à domicile, dont l’hygiène des mains, l’hygiène du patient, les produits invasifs et le manque de connaissance parmi les patients et les soignants sur la manière de prévenir les infections. Les soignants disent avoir besoin de mesures et de directives concrètes et claires pour prévenir et combattre les infections dans les soins à domicile. Il existe un grand nombre de lignes directrices reconnues sur le plan national et international, mais elles sont adaptées aux hôpitaux. La question est de savoir si ces lignes directrices peuvent être transposées, complètement ou partiellement, dans le cadre des soins à domicile et comment les transposer.

“Chaque situation à domicile est différente et unique,” explique Carine Cloodts, médecin généraliste à Ranst et membre du conseil d’administration de Domus Medica. On ne peut ni l’imposer, ni la contrôler. “On ne peut pas simplement reprendre les directives de l’hôpital. Un hôpital est un milieu contrôlé. Á domicile, vous vous retrouvez parfois dans la chambre à coucher avec le ventre contre le lit et le dos contre des boîtes de carton, ou bien la salle de bain est remplie de jouets.” Il est par exemple beaucoup plus difficile d’isoler que dans un hôpital, ajoute Nele Verpaelst. “Les infirmiers à domicile ne peuvent pas reprendre docilement tout ce que fait un hôpital dans ce cas.”

 Communication

La communication entre les hôpitaux et les soignants de première ligne est aussi un élément essentiel pour prévenir les infections liées aux soins. “Si nous disposons dès le début d’informations correctes et complètes, nous pouvons faire du bon travail,” ajoute Christine Ory. “Sinon, nous partons avec un retard. Mais il y a encore un déficit dans la communication entre la première et la deuxième ligne, et ensuite au sein de la première ligne.” La concertation multidisciplinaire, où les soins sont harmonisés, est une piste. Carine Cloodts attend aussi beaucoup de l’idée d’un ‘gestionnaire de cas’, qui permettrait de fluidifier la communication entre les différents intervenants, suivre l’évolution de la situation et le respect des accords et intervenir rapidement en cas de problème.

On s’aperçoit également qu’il y a aussi un grand besoin de surveillance et de notification des infections dans les soins à domicile. Sur cette base-là, on peut travailler à une forme de surveillance permanente, qui peut servir de véritable politique de prévention. On a aussi évoqué la formation des soignants, avec le besoin de matériel pédagogique créatif et interactif, ainsi que le soutien et l’accompagnement des patients et des aidants proches. Pour Carine Cloodts : “Il est nécessaire de mener des campagnes d’information sur l’importance de prévenir les infections. On peut ajouter un volet consacré à ce sujet aux cours de premiers secours que tant de gens suivent. Car à l’hôpital, le patient dépend des soins fournis par l’établissement, mais chez lui, il est lui-même co-responsable.”

En savoir plus ? Rapport completEpidemiology and public health: Healthcare-associated infections in home care

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