Le Jardin partagé des vallées, un espace de convivialité pour redécouvrir la nature.

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À Gilly, dans la banlieue de Charleroi, un terrain inutilisé a été transformé en un jardin partagé. Un lieu convivial où des habitants de ce quartier défavorisé recréent des liens, entre eux et avec une nature qu’ils se réapproprient peu à peu.

Ce projet a été initié par l’équipe de la maison de santé Espace Temps, sous l’impulsion du docteur Geoffroy Laurent et avec le soutien du Fonds Daniël De Coninck. “Le comité de quartier, dont notre maison médicale est membre, avait déjà créé il y a quelques années un petit jardin communautaire dans la rue”, explique-t-il. “Ce projet est un succès, mais il ne peut se déployer que sur un espace réduit. Nous avons donc eu envie de développer cette action. Grâce à des contacts avec une école primaire voisine, nous avons pu disposer non loin d’ici d’un terrain inoccupé, qui est beaucoup plus vaste”. Ainsi était né le Jardin partagé des vallées.

Le terrain devait cependant être défriché, nettoyé et aménagé, car il était envahi de ronces et de déchets. “Ces travaux de déblayage et d’aménagement sont une porte d’entrée pour beaucoup d’utilisateurs”, précise le docteur Laurent. “Car au départ, l’idée de cultiver soi-même un lopin de terre et de renouer le contact avec la nature accroche moins en milieu populaire. La tradition des jardins ouvriers s’est perdue : aujourd’hui, ce sont plutôt les ‘bobos’ qui sont séduits par ce type de démarche. Par contre, beaucoup d’habitants du quartier avaient envie de s’investir dans la construction d’un poulailler, la fabrication d’une toilette sèche ou la rénovation de la cabane. Ce sont aussi des moyens de s’approprier cet espace naturel et, à partir de là, de s’intéresser aux possibilités de cultiver des fruits ou des légumes”.

Des bienfaits multiples

Si la maison de santé Espace Temps a d’abord porté en grande partie le projet, un groupe d’une demi-douzaine d’utilisateurs réguliers s’est aujourd’hui mis en place et assure la gestion du jardin partagé de manière relativement autonome. Autour de lui gravitent une bonne trentaine d’autres utilisateurs du lieu : certains viennent simplement pour se détendre un moment dans cet espace de verdure ou pour y faire un brin de causette, d’autres s’impliquent occasionnellement dans diverses activités.

Les bienfaits pour les participants sont multiples : diminution de l’isolement social, fierté, meilleure estime de soi, sérénité, activité physique au grand air… Le docteur Laurent cite ainsi le cas d’une personne qui souffrait de problèmes d’alcool, au point d’avoir été déchue de son permis de conduire, et qui a aujourd’hui cessé de boire. Ou encore d’un homme qui menait une existence très chaotique, vivant en grande partie dans la rue, et qui a pu retrouver une certaine stabilité. Le jardin partagé est aussi un espace intergénérationnel, qui attire aussi bien des personnes plus âgées que des enfants ou des adolescents, notamment pendant les vacances. “Avec eux aussi, il y a souvent tout un travail d’éducation à faire. Certains ont tendance au début à ne pas respecter la nature, à endommager des arbustes ou des plantations. Il faut encadrer, dialoguer, expliquer… Avec le groupe de coordination, nous avons élaboré une charte, qui contient une série de règles de base”.

Un processus sur la bonne voie

Ce projet s’inscrit pleinement dans la mission d’une maison médicale, estime le docteur Laurent : “Notre rôle ne consiste pas seulement à soigner des patients, souvent précarisés. Nous menons aussi un travail de prévention et de développement communautaire, nous visons à promouvoir la santé et l’alimentation saine, nous cherchons à renforcer les liens sociaux et l’autonomie des personnes…”. Le jardin partagé répond à ces différents objectifs. Il favorise la convivialité, la solidarité, les échanges d’expériences et le respect d’autrui, il contribue à l’embellissement du cadre de vie (la Ville de Charleroi est ainsi venue nettoyer le chemin d’accès). Et il permet à un public précarisé d’avoir gratuitement accès à une alimentation saine et naturelle – même si cet aspect n’est pas encore le plus important pour l’instant : “La production reste à petite échelle. Encore une fois, pour bon nombre de nos patients et d’habitants du quartier, le projet de s’investir régulièrement dans la culture d’une petite parcelle de terre est une idée qui doit faire son chemin. C’est un processus qui demande du temps. Mais le succès de notre récente journée de fête montre que nous sommes sur la bonne voie”.

Lauréat 2018 dans le cadre de l’appel à projets ‘Quartiers solidaires en matière d’aide et de soins’

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