Infirmier-e- en hospitalisation à domicile : un métier d’avenir à valoriser
L’asbl Arémis est pionnière de l’hospitalisation à domicile (HAD) en région bruxelloise. Elle rêve aujourd’hui d’y attirer de nouveaux collègues-infirmiers, de les inviter à emmener dans leurs bagages toutes leurs compétences pour les exercer dans l’intimité du foyer d’un patient. Elle a créé « FidAte », un projet innovant soutenu par le Fonds Dr. Daniël De Coninck, géré par la Fondation Roi Baudouin.
Céline Duhoux, responsable de projet et coordinatrice de l’équipe infirmière d’Arémis veut faire découvrir l’univers plus feutré du métier d’infirmier-e- en hospitalisation à domicile, son intimité avec le patient, ses exigences relationnelles et y entraîner de nouveaux candidats : « Les infirmiers à domicile sont bien davantage que des dispensateurs de soins. L’HAD, ce n’est pas qu’une addition d’actes infirmiers techniques et complexes habituellement délivrés entre les murs des hôpitaux, comme les chimiothérapies anti-cancéreuses, les antibiotiques intraveineux ou les dialyses péritonéales. C’est surtout une prise en charge globale du patient. A côté de cette hospitalisation à domicile, nous assurons aussi les soins palliatifs à domicile (SPD). Ce sont des facettes moins connues par nombre de dispensateurs de soins qui pourraient être attirés par cette assistance aux patients en fin de vie ou atteints de pathologies lourdes ou incurables. Nous voulons montrer une autre réalité des soins à domicile et créer des reconversions de membres de personnel infirmier qui ne s’épanouiraient pas dans leur milieu professionnel actuel. »
Infirmier-e-s en hospitalisation à domicile: un métier appelé à se développer
Depuis sa création en 1988, Arémis n’a cessé d’enrichir le concept de l’hospitalisation à domicile, en créant de nouveaux soins qui ne figuraient pas dans la nomenclature de l’Inami et ne bénéficiaient pas, dès lors, de son financement. A l’origine, Arémis assurait le suivi des malades du sida à l’époque où la tri- et la quadrithérapie n’existaient pas encore : les patients étaient alors renvoyés en soins palliatifs pour y mourir.
C’est de cette expérience qu’a jailli l’idée de permettre à ces malades de finir leur vie à domicile. Un pari qui réclamait des injections en intraveineuse et des traitements lourds. Et qui soulageait en même temps les responsables des hôpitaux, conscients que ces patients en fin de vie n’avaient plus aucun espoir de guérison.
Ces premiers pas de l’HAD ont été vivement soutenus par certains médecins qui ont enclenché le mouvement. Sous le gouvernement précédent, la ministre de la Santé Maggie De Block a déposé en 2015 un projet pilote sur l’HAD, dont Arémis est partie prenante. Les acteurs de l’HAD attendent avec impatience la concrétisation et le financement du projet. Le secteur est donc en pleine évolution et devrait d’autant plus se développer qu’il sera alors légalement encadré.
En attendant, le vieillissement de la population, la pénurie des lits d’hôpitaux, la croissance des maladies chroniques et aigues, couplés au désir croissant des patients de se faire soigner chez eux ou d’y finir leurs jours a multiplié les projets-pilotes aux quatre coins du pays.
Le projet pilote développé par Arémis et soutenu par le Fonds Dr. Daniël De Coninck, baptisé FidAte, ambitionne la Fidélisation et l’Attractivité du métier d’infirmier en HAD et en SPD.
« Notre projet ne part donc pas de zéro. Nous ne parlons pas de notre seule expérience mais de celle des différents prestataires qui, dans tout le pays, avec des modèles parfois différents, ne cessent de développer l’hospitalisation à domicile » confie Vanie Butil, assistante en gestion de projet pilotes et qui met en place, au sein d’Arémis, le projet lauréat du Fonds De Coninck : « Nous collaborons avec une agence qui réalisera une stratégie de communication pour présenter les spécificités de notre métier, livrer des informations pratiques, diffuser des témoignages, au travers de vidéos et à partir d’une plateforme qui servira notamment aussi d’outil à disposition des écoles d’infirmiers. A côté de cette campagne, notre deuxième axe de travail sera celui de la mise en œuvre d’une formation spécifique de l’HAD et des soins palliatifs à domicile, inexistante aujourd’hui. Parce qu’on ne travaille pas comme infirmier à domicile comme on le fait à l’hôpital. »
« C’est la diversité et l’humanité de ce travail que j’aime »
La pandémie a un peu plus mis le doigt sur la pénurie de personnel soignant dans notre pays. Un constat d’autant plus lourd de conséquences pour l’HAD confrontée à ses propres contraintes : « C’est un métier qui exige beaucoup d’investissement personnel. L’infirmier se rend chez le patient, appelle le médecin, contacte le personnel soignant de l’hôpital, se charge du matériel, doit tout mettre en œuvre pour sécuriser le patient, le rassurer et le soigner dans les meilleures conditions. » révèle Céline Duhoux.
Mélanie, infirmière depuis dix ans et engagée chez Arémis depuis 2017, ébauche un sourire lorsqu’on lui demande de résumer une de ses journées : « Il n’y a pas de « journée-type » en hospitalisation à domicile : je peux passer d’un patient en soins palliatifs, dans une atmosphère souvent plus oppressante dont je ne ressors jamais indemne, reprendre la voiture pour retrouver ce petit garçon à qui il faut faire une injection et que je rassure en passant un peu de temps à jouer avec lui. Avant de me rendre chez un patient chronique que je connais depuis des années et avec lequel j’ai tissé des liens plus privilégiés. Aucune journée ne ressemble à une autre. C’est aussi cette diversité qui m’attire dans ce travail. »
Ce métier pétri de contacts humains occupe une place de plus en plus stratégique et bénéfique pour nombre de patients. D’autant que l’HAD réduit le temps qu’ils passent à l’hôpital ou les en dispense leur permet de recevoir les soins les plus techniques dans l’intimité de leur environnement familier et la proximité bienveillante des soignants.