Les troubles du périnée : améliorer le dépistage et le traitement en première ligne

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Même si la publicité pour les serviettes hygiéniques suggère l’inverse, les troubles du périnée ne sont pas un phénomène normal quand on vieillit. Mais trop peu de femmes le savent. Grâce à une bourse du Fonds Dr. Daniël De Coninck, la kinésithérapeute spécialisée Hedwig Neels (Université d’Anvers) s’est rendue en Australie afin de se spécialiser dans la prévention et le traitement et d’ensuite réunir ici la première ligne pour une plus grande efficacité des soins.

De nombreuses femmes souffrent de problèmes de plancher pelvien, avec des conséquences gênantes telles que de l’incontinence, des douleurs ou de la constipation. Il a pourtant été démontré que des exercices musculaires effectués avec un kinésithérapeute pouvaient souvent les soulager. Comment se fait-il que si peu de femmes recourent à cette solution simple ? Et surtout, comment peut-on les aider plus rapidement et plus efficacement ?

Tel est l’enjeu du projet de Hedwig Neels, une kinésithérapeute de l’Université d’Anvers spécialisée dans les problèmes de périnée, qui a obtenu une bourse individuelle de recherche du Fonds Dr. Daniël De Coninck. L’objectif est qu’elle partage les résultats de sa recherche avec d’autres professionnels afin de renforcer la première ligne.

“J’avais déjà identifié un certain nombre d’obstacles dans ma thèse de doctorat. Ainsi, beaucoup de femmes ne savent pas ce qui est normal et anormal, ce qu’elles peuvent attendre et ce qu’elles doivent ensuite faire. Il y a un grand déficit de connaissances, ce qui va de pair avec le tabou et le sentiment de honte que provoquent les symptômes des troubles du périnée, comme l’incontinence urinaire et fécale, les flatulences et les douleurs. On constate en plus que les femmes ne vont pas elles-mêmes à la recherche d’informations.”

Hedwig Neels a utilisé sa bourse pour mener une recherche en Australie auprès d’un urogynécologue mondialement célèbre. Elle s’y est initiée à sa technique d’échographie transpérinéale, une manière simple, non invasive et peu coûteuse d’examiner, lors d’une analyse fonctionnelle, les dégâts subis par les muscles de soutien et les mécanismes de suspension des organes du plancher pelvien.

“Tout un monde s’est ouvert pour moi. J’ai mieux compris les facteurs anatomiques et pathophysiologiques, donc les raisons sous-jacentes des dysfonctionnements des muscles du périnée. Pour chaque femme, la grossesse et l’accouchement provoquent des changements différents dans les muscles et les nerfs et chaque femme se rétablit ensuite différemment. Dès que le bon diagnostic a été posé, on connaît le traitement le plus efficace.”

Hedwig Neels a aussi constaté en Australie que non seulement les soignants et les médecins, mais aussi les pouvoirs publics menaient un important travail de sensibilisation des femmes. Elle est revenue en Belgique investie d’une double mission : voir comment améliorer, dans une démarche multidisciplinaire, le dépistage et donc l‘approche individualisée des troubles du périnée, et faire passer plus clairement le message concernant l’importance de la prévention et du traitement. Informer et personnaliser, donc  “Pour l’instant, les femmes entendent surtout des informations d’inspiration commerciale de fabricants de serviettes hygiéniques contre les fuites urinaires, qui normalisent les troubles du périnée. Je veux aller à l’encontre de cela.”

Une campagne d’information doit faire prendre durablement conscience  aux femmes de l’importance de bons exercices de renforcement des muscles du périnée. “Mais comment fournir cette information aux femmes si elles ne la recherchent pas elles-mêmes ? Mes propres études d’évaluation montrent que des brochures détaillées ne sont pas beaucoup lues, mais que les femmes apprécient en revanche un bon entretien personnalisé qui leur permet d’exprimer leurs plaintes et leurs incertitudes. Il y a un besoin d’informations prêtes à l’emploi sur les causes, les facteurs de risque et les solutions, avec des dessins simples et des graphiques clairs.” C’est pourquoi Hedwig Neels travaille aussi à une plateforme d’information en ligne.

Le long respect de la thérapie qui est nécessaire ne va pas de soi. Selon Hedwig Neels, des applis de santé pourraient constituer à l’avenir un bon moyen de suivre ses troubles du périnée. Mais le plus important est une bonne mise au point personnelle, faite par un kinésithérapeute spécialisé généralement après l’accouchement et en fonction des facteurs de risque qui peuvent occasionner des problèmes plus tard.

“Nous le faisons déjà à petite échelle à l’Hôpital universitaire d’Anvers, avec une sage-femme, un gynécologue, un kinésithérapeute spécialisé et la patiente. Nous améliorons ainsi le dépistage, la prévention et l’orientation.” Hedwig Neels veut promouvoir cette approche multidisciplinaire, entre autres par des cours et des conférences auprès de soignants de première ligne, comme des sages-femmes, des kinésithérapeutes, des gynécologues et des médecins généralistes.

Initiative soutenue en 2018 – Appel à projets ‘Bourses pour les professionnels de l’aide et des soins de première ligne’

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