Be.hive : Une ruche pleine d’idées pour une première ligne efficace
Une ruche n’est pas l’œuvre d’une seule abeille, mais le travail commun de milliers d’entre elles. De même, Be.Hive, la chaire interdisciplinaire francophone pour la première ligne, veut rassembler l’expertise et les connaissances d’acteurs de première ligne et stimuler le débat pour parvenir à une première ligne solide à Bruxelles et en Wallonie.
Cette chaire n’est pas seulement un consortium entre trois universités (ULB, UCLouvain, ULiège) et trois hautes écoles (HELB, Henallux, Haute Ecole Léonard de Vinci) en Belgique francophone, mais constitue aussi un réseau avec des citoyens, des professionnels et des décideurs politiques. L’objectif est de développer avec toutes les parties concernées une vision commune de la première ligne afin de fournir non seulement des soins de qualité à des personnes qui ont besoin d’aide et de soins, mais aussi travailler à une meilleure santé des personnes et des communautés, dans leur lieu de vie En effet, la chaire veut donner à la promotion de la santé et la prévention, la place qui lui revient.
Bottom-up
La Belgique francophone ne possède pas encore la première ligne structurée dont dispose la Flandre, avec l’organisation depuis 2017 de zones de première ligne. Elle suit donc avec intérêt ce qui se passe de l’autre côté de la frontière linguistique, mais en tire aussi des enseignements sur la manière d’organiser une vision commune dans sa propre partie du pays. “L’approche en Flandre est surtout vécue de manière top-down alors que nous voulons travailler bottom-up,” dit Thérèse Van Durme, de l’Institut de Recherche Santé & Société (UCL).
“Sur la base d’une étude commune de la littérature sur la première ligne, en Wallonie et à Bruxelles mais aussi à l’étranger, nous avons d’abord dressé la liste des éléments qui renforcent la première ligne. Dans un deuxième temps, nous avons interrogé dix publics cibles, parmi lesquels des patients, des aidants proches, des professionnels des soins ou des décideurs, pour sonder les forces et les faiblesses de la première ligne actuelle.” Près de 6.000 personnes ont répondu au premier questionnaire en octobre 2019. Les premiers résultats vont être discutés avec ces public-cible, dans des ateliers de discussion en décembre. Ces ateliers auront lieu en divers endroits à Bruxelles et en Wallonie, pour bien prendre en compte les contextes différents.
Accent sur le dialogue
Un thème important de cet exercice est celui des soins ciblés, qui sont centrés sur les souhaits et les objectifs des patients. Car le dialogue avec le patient peut rendre les soins médicaux plus efficaces et même éviter des interventions inutiles. “On obtient par exemple plus de résultats en discutant avec des parents qui hésitent à faire vacciner leur enfant de ce qui est important pour eux, qu’en écartant leurs objections d’un revers du bras.”
Les gens ont leur propre santé en mains, avec les professionnels comme partenaires. D’où un autre thème, celui des compétences en matière de santé et des compétences numériques. Il y a aussi le thème du ‘déplacement des tâches’ : les chercheurs vont évaluer les avantages et les inconvénients d’un déplacement des tâches dans les soins de première ligne sur la base de compétences, comme des vaccinations faites par des pharmaciens. Les résultats des enquêtes serviront de manière itérative à la phase suivante, durant laquelle ils seront approfondis. C’est ainsi qu’il sera possible de faire avancer la recherche et l’enseignement au sujet de la première ligne.
Un ambitieux agenda d’avenir
Les acteurs de première ligne travailleront en effet dans un premier temps via des ateliers de discussion, selon la méthode du ‘World Café’ : sous la direction d’un modérateur, on débat d’un thème en petits groupes ; au bout d’une demi-heure, le groupe passe à la table suivante et poursuit la discussion à partir des constats du groupe précédent. Les résultats sont ensuite mis en commun.
L’objectif est de parvenir à un premier livre blanc pour les soignants, les enseignants et les décideurs politiques, consacré aux bonnes pratiques existantes et à venir “de manière à ne pas devoir chaque fois réinventer l’eau chaude et de bien tenir compte des contextes différents”, à la manière dont elles peuvent être soutenues et aux freins qui doivent être éliminés pour cela.
“Le terrain de recherche et d’action de la première ligne est énorme. Pour Be.Hive, c’est un début. Nous voulons découvrir, ouvrir la discussion et laisser la place à de nouvelles idées, avec les parties prenantes.” Le travail de Be.Hive est suivi de près et alimenté par le comité de pilotage de la chaire, composé des représentants des seize professions de la première ligne, avec des associations de patients et d’aidants, des décideurs en matière de politique de santé, les enseignants et la Fondation Roi Baudouin. Il est également suivi et soutenu par des experts de la première ligne internationaux.
Be.Hive veut déboucher en fin de compte sur un ambitieux agenda de recherche et d’enseignement pour la première ligne, de manière à pouvoir partager les connaissances avec le pouvoir politique et les personnes. Le livre blanc sera présenté, en même temps que les résultats de la recherche, lors d’un évènement public en février 2020.
Initiative soutenue en 2019-2023 dans le cadre de l’appel à projets ‘Chaire francophone interdisciplinaire de la première ligne’